Mes premiers pas en informatique!

tabliertablier Membre
décembre 2009 modifié dans Actualités #1
Mes premiers pas en informatique.

A vous qui êtes (presque tous) informaticiens: j'ai lu le post "Un film sur les origines d'Apple et de Microsoft" et j'ai eu envie de vous raconter mes premiers contacts avec la technologie de l'informatique. Alors, j'y vais!! En 1966, après mon service militaire et diverses péripéties chez Philips et au CFPA, j'ai été embauché par BULL comme technicien électronicien, pour travailler à  l'usine d'Angers nommée BULL ANJOU. A cette époque tout les informaticiens étaient d'abord des électroniciens. Mon travail consistait essentiellement à  faire la mise au point du matériel avant sa livraison chez le client. Ce dont je veux vous entretenir, ce sont les matériels sur lesquelles j'ai travaillé ! (ne rigolez pas SVP)

A mon arrivée sur la plate-forme de mise au point, et après une formation locale, j'ai travaillé sur le Gamma 10. Le Gamma 10 était le premier ordinateur transistorisé fabriqué par Bull. Il était considéré comme étant de dimensions réduites (moins de 20 m2 pour la mise en oe“uvre).

<img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/bull-gamma-10.jpg>;

Imaginez-vous la bête! Grosso modo (et de mémoire) environ 1 métre 90 de haut ! Un poids à  faire pâlir tout les déménageurs et une consommation à  rendre enragé n'importe quel adhérent d'une association écologique! et l'imprimante était du même tonneau! elle est à  gauche sur la photo. Sur cette photo, a droite de la machine et au dessus en biais, vous voyez les bacs d'entrée des cartes perforées. Sur l'avant de la machine vous voyez deux bacs de réception des cartes perforées (le trou vertical) et juste au-dessus le bac de réception grande capacité.
La machine en gros: cycle d'horloge 7,9 µs, 4 Ko maximum de mémoire, 5 à  6000 transistors germanium montés sur circuits imprimés simple face, Lecture perforation 300 cartes/mn, Impression 300 lignes/mn, possibilité d'imprimer deux liasses A4 simultanément (voir ci-dessous)

<img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/Gamma_10.jpg">;

En fait, je ne m'occupais que de "la piste", entendez par là : la piste des cartes perforées.

<img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/bull-gamma-10-offen.jpg">;  <img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/gamma-10-von-hinten.jpg">;

Cette piste est électro-mécanique. C'est la partie droite sur la photo de gauche. Les déplacements des cartes et la perforation sont assurés par 5 moteurs auto-synchrones. La logique de contrôle est entièrement à  relais. La synchronisation globale est assurée par un arbre à  cames qui ferment des contacts électriques! Il est visible sur la photo de droite, verticalement sur l'extrémité de la machine.
Vous avez ci-dessous une photo montrant le panneau de relais (≈ 500), et partiellement 2 des moteurs auto-synchrones. Vous avez aussi une photo montrant une carte électronique (8 transistors, soit 4 bascules logiques! ).

<img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/PetiteRelais.jpg">; <img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/carteElec.jpg">;

Après le Gamma 10, j'ai travaillé (assez peu) sur son imprimante. C'est une imprimante à  tambour. Le tambour est un assemblage de galettes toutes identiques. Chaque galette porte la totalité des caractères imprimables en relief. En face de chaque galette se trouve un marteau. Le papier passe entre le tambour et les marteaux. L'imprimante imprime une ligne de caractère par tour de tambour. Les premières imprimantes étaient des 300 lignes minute de 125 ou 132 caractères et les suivantes des 600 lignes minute. Ci dessous une photo d'une imprimante sans capot.

<img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/Imprimante.jpg">;

Remarquez l'électronique à  droite. Toutes les machines dont je parle ici étaient câblées de cette manière. C'est du câblage à  connexions enroulées (Wrapping en anglais).
Que dire de cette imprimante? Très, très, très .......très bruyante. La mise au point se faisait machine nue (sans les capots) avec un casque anti bruits sur les oreilles. Une très belle impression, mais pas de dessin possible.

Et enfin, j'ai terminé chez Bull en mettant au point des Gamma 55, devenu par la suite GE 55. C'était le premier ordinateur de bureau dédié à  la gestion, fabriqué par Bull. Enfin, je dirais plutôt que c'est un "ordinateur bureau" et non pas "de bureau"!

<img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/0062_g_55_uc.jpg">;

Sur la table se trouve le lecteur de cartes perforées. A droite de la table se trouve le perforateur de cartes. Au centre vous avez le clavier et le gros cube à  gauche contient l'imprimante. L'imprimante a des capots anti bruits (ouf!). Le meuble à  l'arrière de la table contient l'unité centrale. Soit environ 300 cartes électroniques du type montré plus haut.

<img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/ge_55.jpg">; <img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/ge55_bw.jpg">;

En n/b à  gauche, le modèle d'origine. En couleur en haut, la version GE 55B. Sur la photo de droite en n/b, l'appareil situé derrière l'UC à  gauche est un tambour magnétique: le volume d'un petit frigo pour 89600 octets. D'autres périphériques était utilisables: une imprimante à  tambour (200 lignes/mn), un contrôleur de transmission "Datanet 51" (600, 1200, 2400 Bps), un lecteur-perforateur de bande perforée, de 1 à  7 unités de bande magnétique (1290000 octets par bande) et même un traceur de courbes digital Benson.

Le point particulier de cet ordinateur est une mémoire morte qui contenait le système. En mise au point nous avions une mémoire morte spécifique qui testait tout les circuits et l'électronique de l'unité centrale et indiquait les pannes par des tubes afficheurs situés dans l'UC. La mémoire morte livré au client était souvent spécifique du client. Cette mémoire était une mémoire morte à  batonnets de férite! Elle était fabriquée sur place. Cette mémoire était montée verticalement en bout de l'unité central. De mémoire, je dirai qu'elle faisait entre 80 cm et 1m de haut. Sur la photo ci-dessous cette mémoire est exposée horizontalement.

<img src="http://www.pommedev.com/forum/articles/01-mes-premiers-pas-en-informatique/images/ROM.jpg">;

Après cela, fin 67, j'ai quitté Bull car j'étais embauché dans un labo de recherche du CEA, ce qui m'a permis de reprendre des études...

Merci à  muqaddar pour le formatage de cet article.

Réponses

  • MAGEMAGE Membre
    19:11 modifié #2
    Merci pour cet article "d'histoire" très concret. ;)
    N'ayant pas connu l'époque des cartes perforées, c'est toujours très intéressant de pouvoir se faire une idée de ce qui était avant.
  • GreensourceGreensource Membre
    19:11 modifié #3
    Ouais moi j'adore ça aussi! C'est fascinant l'évolution qu'à  connu l'informatique! Heureusement que des gens ont pensé à  apporter cette technologie dans tous les foyers!

    On avais un prof, qui pareil, nous rapportais ses vielles prises de Guerre ^^
    Ses premier TP sur carte perforée, sa calculatrice entièrement mécanique...
    C'est bien marrant et ça rend d'autant plus incroyable la techno actuelle!

    Aller moi je veux la suite au CEA  ;)
  • DrakenDraken Membre
    août 2009 modifié #4
    Ah les bonnes vieilles cartes perforées 80 colonnes, mises au point par IBM pour aider le gouvernement allemand dans ses fichages ethniques dans les années 40.. Toujours intéressant de connaà®tre l'origine des choses.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/International_Business_Machines_Corporation

    Sinon les grosses boites prises en photo me rappellent l'additionneur électo-mécanique que j'avais fabriqué en labo d'électronique (hé oui, moi aussi je suis un électronicien de formation). Quelques dizaines de relais magnétiques, des câbles partout, des boutons et des lampes, le tout formant une batterie de portes logiques XOR et AND, capable d'additionner des nombres binaires de 6 chiffres, de 000000 à  111111.



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